L’Egypte célèbre aujourd’hui 25 avril, le 37ème anniversaire du retour du Sinaï. Ce fut en effet le 25 avril 1982 que le drapeau égyptien flotta à nouveau sur Rafah, Charm El-Cheikh, Nouéba, les îles de Tiran et de Sanafir, annonçant ainsi le retour à la souveraineté égyptienne de l’ensemble de la péninsule du Sinaï après quinze années d’occupation israélienne.
Au cours de cette même journée du 25 avril 1982, le président Hosni Moubarak se rendit au monument du Soldat inconnu pour se recueillir et y déposer une gerbe de fleurs. Il déclara alors:« Le nouveau pas à franchir pour l’obtention de la paix globale dans la région est la reprise des pourparlers sur l’autonomie palestinienne », ce qui a été en partie réalisé maintenant. Mais l’espoir de paix est fragile, et les événements du Liban en sont la preuve.
Le retour du Sinaï à l’Egypte fut l’œuvre d’une longue et patiente diplomatie et c’est pour cela que cette terre est devenue une “terre d’espoir”.
Le Sinaï apparaît comme un grand triangle de 61.000 kilomètres carrés situé entre les deux golfes de la mer Rouge: le golfe de Suez à l’ouest et celui d’Aqaba à l’est. Il se situe entre le Canal de Suez et la frontière israélienne et au sud de la Méditerranée. Le Sinaï est le point de rencontre de deux continents, l’Afrique et l’Asie, et le lieu de séparation des mers.
Depuis des millénaires, le Sinaï est l’un des carrefours les plus importants du monde. Les pharaons d’Egypte y avaient aménagé la route de Shur, ou la voie d’Horus, jusqu’à la ville de Jérusalem. Les Romains et les Nabatéens avaient tracé une route de l’ouest vers l’est qui devint, par la suite, la “piste des pèlerins” de l’Egypte vers la Mecque.
Il faut distinguer dans le Sinaï plusieurs régions : la plaine côtière du nord faite de dunes de sable en bordure de la Méditerranée, le désert de Tih au centre et le massif montagneux du sud.
Ainsi, le Sinaï n’est ni uniforme, ni monotone. Au nord, entre le Canal de Suez et la ville d’El-Ariche, s’étalent de larges vallées sablonneuses qui furent, depuis toujours, des voies de passage pour les caravanes de commerçants et pour les armées.
La région centrale du désert de Tih est un vaste plateau calcaire alors que la pointe triangulaire, au sud, est un véritable labyrinthe de vallées entre les montagnes aux diverses couleurs.
La grandeur solitaire de cette partie méridionale du Sinaï est d’une beauté fascinante et d’une magnificence chargée de mystère et d’histoire absolument incomparables.
Lieu de passage, le Sinaï fut encore une région de mines de cuivre, de turquoise, etc... Les rois d’Egypte ne manquèrent pas de les exploiter.
Vers 1250 avant Jésus-Christ, les déserts du Sinaï connurent la grande épopée du peuple de Dieu sous la conduite de Moïse. Plus tard, vers 700, ce fut le prophète Elie qui les traversa pour aller rencontrer Dieu sur la Sainte Montagne.
A l’époque de l’Empire perse, comme au temps de l’Empire romain, le Sinaï et la Palestine formaient une même entité. Il en fut de même lors des dominations byzantine et ottomane. L’Egypte avait, elle-même, subi un sort identique.
Les premiers siècles du christianisme peuplèrent le Sinaï de légions de moines, surtout à El-Tor, à Faran et au monastère Sainte Catherine qui devint le siège d’un évêché après celui de Faran. La conquête arabe du VIIème siècle stabilisa la vie des moines et des peuplades bédouines dans la péninsule sinaïtique.
En 1831, alors que Mohamed Ali gouvernait l’Egypte, le Sinaï fut réuni pour quelque temps au Delta et à la Vallée du Nil.
En 1841, un firman ottoman de la Sublime Porte à Constantinople indiqua le tracé de la frontière égyptienne de Suez à El-Ariche.
Le creusement du Canal de Suez et son inauguration, en 1869, consacrèrent l’intérêt stratégique du Sinaï.
Le 30 avril 1906, la Grande-Bretagne exigea que la frontière entre le Sinaï et l’Empire ottoman fut tracée par une ligne allant de Rafah à Taba. Le 1er octobre 1906, la Turquie fut obligée de se soumettre aux exigences britanniques. La ruine de l’Empire ottoman amena, après 1918, le partage des pays du Proche-Orient et la frontière entre l’Egypte et la Palestine resta tracée entre Rafah et Taba.
Le Sinaï resta une région égyptienne tranquille et oubliée jusqu’en 1948. Il devint alors un champ de bataille entre l’Egypte et Israël jusqu’en 1974 et l’Etat hébreu occupa la péninsule.
Au mois de novembre 1979, l’Egypte reprit possession du monastère Sainte Catherine et de la montagne de Moïse.
Le 25 avril 1982, le Sinaï revenait à l’Egypte à la suite de l’occupation israélienne, sauf l’enclave de Taba qui fut restituée à l’Egypte en 1989.
Le Sinaï, “terre d’espoir”, est maintenant en pleine expansion dont Charm El-Cheikh en est comme le symbole.
Jusqu’en 1967, l’existence de Charm El-Cheikh était pratiquement inconnue et ce site n’était même pas indiqué sur les cartes géographiques. Mais cette année-là, Gamal Abdel Nasser bloqua le détroit de Tiran entre Charm El-Cheikh et l’Arabie Saoudite. Cette fermeture du détroit conduisit au conflit égypto-israélien du 5 juin 1967.
Jusqu’à cette date, Charm El-Cheikh n’était qu’un poste de l’administration des frontières égyptiennes pour surveiller les côtes et empêcher le trafic avec les pays riverains du golfe d’Aqaba. Un petit port était aménagé au fond d’une anse où s’abritaient quelques bateaux nécessaires aux patrouilles maritimes.
La région de Charm El-Cheikh était pratiquement inhabitée et seuls quelques bédouins méfiants installaient leurs tentes près des puits d’eau saumâtre de cette zone désertique. Ces bédouins faisaient partie de la tribu des Mouzeina.
Le port de Charm El-Cheikh s’est maintenant considérablement développé et des unités de la marine égyptienne en garnissent les quais ou mouillent dans la baie. Des navires, venant d’Aqaba ou de Hurghada et de Safaga accostent dans ce port. De nombreuses installations touristiques s’étalent autour de la baie de Charm El-Cheikh.
A sept kilomètres au nord de la ville de Charm El-Cheikh, en remontant le golfe d’Aqaba, se situe la grande station balnéaire autour de la baie de Naama, un don de Dieu, comme son nom l’indique.
C’est un site admirable encadré par les deux pointes de Ras Mushroom, au sud, et de Near Garden, au nord. Cette baie est un vaste “croissant de lune” bordé de sable et de gros galets dont la surface des eaux est d’une couleur azurée profonde qui devient vert émeraude sur la grève.
Cette immense baie est entourée de villages touristiques, de centres commerciaux et de plongée sous-marine. Charm El-Cheikh est le paradis des plongeurs qui pratiquent leur sport dans la baie, ou plus loin vers Ras Mohamed ou Ras Nasrani, entre cette pointe et les îles de Tiran et de Sanafir.
Une date importante de l’histoire de Charm El-Cheikh fut le Sommet des “Bâtisseurs de la paix” le 14 mars 1996 qui rassembla tous les grands hommes politiques de la planète à l’invitation du président Moubarak.
Si Charm El-Cheikh est comme le symbole du développement du Sinaï, il ne faut pas oublier le littoral méditerranéen, les villes d’El-Tor, de Dahab, de Nouéba et de Taba, sans oublier les deux merveilles que sont Sainte Catherine et Ras Mohamed.
Le 25 avril 1982, le président Moubarak avait déclaré : “Dieu a choisi ce sol (du Sinaï) pour qu’il soit le berceau de toutes les religions célestes, la patrie de la coexistence constructive entre les peuples que l’histoire a réunis depuis l’ère d’Abraham”.